Réveil avec les cloches sonnant l’heure de la messe. Je me lève difficilement ce matin, le ciel est encore couvert, je resterais bien une journée de plus à ne rien faire, mais il faut que j’avance dans mon trajet, j’ai déjà pris du retard avec mon retour sur Dijon pour changer un câble de dérailleur et ce petit détour afin de visiter cette abbaye qui m’a obligé à m’y arrêter car fermée juste la journée d’hier, mais aucune importance c’est le destin.
Je rassemble donc mes affaires et j’attends 10h afin de pouvoir entrer dans la partie visitable de l’abbaye. J’attends devant la grille sous une fine pluie quand une femme vient ouvrir la grille, c’est l’heure. Je regarde rapidement les panneaux résumant la vie d’un moine à Citeaux. Puis je me dirige vers l’accueil et je demande comment se passe la visite libre. La visite se fait uniquement avec un guide et il n’est pas possible de se rendre dans l’abbaye librement sans payer, ceci afin d’éviter de perturber la vie des moines. Mon interlocutrice m’annonce que seul les moines peuvent donner l’autorisation d’entrer dans l’enceinte gratuitement. Je retourne donc un peu triste d’apprendre que peut-être je suis resté une nuit ici alors que je ne pourrais pas visiter ; mais je garde bon espoir. Je vais voir le moine « portier », ne pouvant prendre cette décision, il passe un coup de téléphone ; il a carte blanche, ce sera d’après ces mots une fleur que l’on m’offre. Il appelle donc les guides afin de leur annoncer de me laisser entrer dans difficultés. Me revoilà à l’accueil de la visite guidée, la responsable me sort deux tickets (un pour la visite et un pour la projection) et me demande de lui laisser ce que j’ai sur moi. Mon portefeuille étant toujours vide je lui propose de lui offrir des nougats qu’il me reste dans mon sac, offre qu’elle refusera poliment. Je retourne consulter les panneaux explicatif de l’histoire de l’abbaye en attendant l’heure de la visite. La responsable des guides vient à nouveau me voir et m’annonce que je suis pour le moment seul pour la visite et qu’il faudra attendre. Une femme à côté de moi ayant entendu notre conversation indique qu’elle aimerait elle aussi faire la prochaine visite. Nous nous retrouverons au final une petite dizaines de personnes.
Nous visiterons une reconstitution d’un scriptorium et de la salle du Chapitre. Nous rejoignons ensuite un bâtiment toujours conservé où se trouvait au rez de chaussée le scriptorium ou encore l’atelier, et à l’étage la bibliothèque où nous pouvons observer une maquette de l’abbaye datant de 1720. Nous terminons la visite par le Novicia, bâtiment également conservé.
D’après notre guide le fromage de Citeaux ressemble à du reblochon.
La visite terminé je suis le seul à accéder à la vidéoprojection. Le film illustre la vie des moines aujourd’hui, leur journée type, ainsi que la vie au sein de l’abbaye. La vidéo retrace principalement les moments religieux du site
Histoire rapide de l’abbaye de Citeaux :
Fondée le 21 Mars 1098 par 21 moines qui voulaient un nouveau monastère, Citeaux tire son nom de cistelle, un genre de roseau avec une fleur en bout de tige. Ce nom donnera d’ailleurs aussi naissance aux Cisterciens.
En 1551, ils construisent le clos de Vougeot afin de devenir la résidence des abbés de Citeaux. En 1789 l’abbaye est transformée en carrière de pierre, puisque la majorité des bâtiments seront démantelés afin de vendre les pierres. Le site sera racheté pour les 800 ans par des Cisterciens en 1898. Aujourd’hui 20 moines vivent encore sur place.
Les moines ont 3 activités : la lecture, la prière et le travail.
Je remercie encore une fois cette générosité qui m’a été offerte, et je reviens dans mon appartement prêté pour la nuit afin de me réchauffer les pieds et sécher les chaussures.
Je profite de l’attente afin de redonner ma clé à un moine à la fonction de portier afin de faire un brin de ménage en passant la serpillière.
Je repars sous un ciel chargé mais sans pluie, les kilomètres sont très difficiles, le peu de kilomètres la veille ajouté à cette pause m’ont fait oublié d’appuyer sur les pédales. Le manque d’une nourriture riche y est sans doute aussi pour quelques chose. Ajouté avec un ciel qui devient noir au fur et à mesure des kilomètres alors même que je suis sous un rayon de soleil, me fais baisser un peu le moral, mais je persévère. J’aperçois les cotes viticoles, j’atteins Nuit Saint Georges pour la 3e fois durant ce voyage, je me pose dans le jardin anglais de la ville. Je profite de cette pause afin de croquer ma première barre de Mars, merci Martine, j’en ai effectivement besoin, je prends également un peu d’eau et quelques nougats sous la dent.
Et ca y est c’est repartit, je me dirige donc maintenant vers Beaune, j’emprunte alors la nationale en cohabitation avec les voitures et les camions qui passent relativement proche et vite à côté de mon vélo. Je n’ai pas peur mais je suis surpris par une camionnette jaune gyrophare clignotant, le conducteur me fais signe de me serrer au maximum sur la droite, j’aperçois marqué sur le véhicule « convoi exceptionnel » J’obéis sans réfléchir afin de laisser passer ce tube qui aurait gagné contre moi. Je traverse Corgoloin avec ses marbreries.
Je m’arrête à quelques kilomètres avant Ladoix Serrigny, afin d’étudier le sens du vent et savoir à quels nuages j’ai droit. J’ai un ciel noir devant moi, le même derrière moi, pourtant je suis sous le soleil, instant de karma qui me donne l’impression que le soleil me suit. Je poursuis donc la route et me fais à nouveaux klaxonner par un utilitaire, cette fois c’est un ami qui me double. Nous discutons quelques instants mais la pluie nous a rattrapé, il me laisse et je pars m’abriter sous le porche d’un hôtel en rebroussant chemin.
L’averse passe, mais une autre n’est pas loin puisque m’abriterais dans le village suivant. Des jeunes jouent à sauter avec une trottinette. Maintenant abrité, une fenêtre s’ouvre, on me demande si je veux des gâteaux, « j’ai déjà » je répondis. Puis après quelques minutes la fenêtre s’ouvre à nouveau et on m’indique un endroit ou m’abriter un peu plus.
L’averse est maintenant passée, le ciel est dégagé, je vais toquer à un hôtel en demandant s’il était possible d’avoir une douche chaude et un endroit pour dormir. La femme avec qui je discute est employée par l’hôtel, après sa conversation avec le propriétaire joint par téléphone, elle me répond que n’étant pas là, ce ne sera pas possible et me propose donc d’aller sonner chez l’habitant ou des viticulteurs.
J’hésite, je suis toujours gêné de déranger les gens, une première porte poussée, ce n’est malheureusement qu’une cave de dégustation, le domaine est plus loin. Je réfléchis, je prends la décision de pousser le vélo jusqu’à Beaune afin d’essayer encore une fois les hôtels. Après quelques instants je change de décision et prends une route afin de rejoindre une maison dont la cheminée fume. Dans la cour une femme rentre chez elle. Je n’ose toujours pas mais je sens que je finirai par y arriver. A côté un domaine, je rentre dans la cour. Je m’arrête brusquement et recule de quelques mètres. Je vérifie le nom du Domaine, je reconnais ce nom sur la pancarte puisque c’est aussi celui d’un collègue professeur, le domaine Chapuis. L’approche en sera facilitée, je n’hésites, plus et je demande si des liens existent, je me trouve face à un neveu de mon collègue. Malheureusement, ce soir me dit il y a une fête pour célébrer la fin des examens et il risque de faire du bruit. Pas de soucis pour moi j’accepte l’invitation avec le plus grand plaisir et je me retrouve donc dans une pièce où on installe un sommier et un matelas. Ce sera mon lit pour la nuit.
Bon courage, et on te suis et te soutiens tous.
Bravo François ... Je ne doute pas de toi, mais beaucoup plus des "autres" ..! Notre société n'est pas "prête" à accueillir à l'improviste celui qui trace ainsi son chemin. Mais ces quelques jours, hélas pluvieux, te montrent bien que l'aventure valait le coup et que les rencontres que tu souhaitaient arrivent finalement ..! A bientôt ...